Irene Vallejo a prononcé cette conférence lors des Rendez-vous de l’Histoire de Blois en 2021.
Le livre vient d’être traduit en France après avoir été vendu à plus de 300 000 exemplaires en Espagne.
L’autrice note que, très souvent, on annonce la mort du livre papier sans que cela ne se soit réalisé. Le numérique demande toujours à être actualisé pour pouvoir continuer à être lu sur le support. Parfois, on peut lire un manuscrit d’il y a dix siècles mais pas un fichier d’il y a 10 ans ! Les objets millénaires qui survivent parmi nous ne sont pas nombreux : livre, chaise, cuillère, la roue.La typographie des ordinateurs s’inspire de l’Antiquité. La structure pdf conserve l’idée de page comme avant, sans rien changer. Elle s’interroge ensuite pour savoir pourquoi certains livres sont devenus des classiques ? Les sociétés orales vivaient sous la menace de l’oubli. Ce qui se transmettait alors c’étaient des certitudes car les capacités de transmission étaient limitées. Tout change avec l’écriture. Par l’écrit, on peut douter, on peut lire à sa vitesse. Grace au codex l’espérance de vie des livres augmenta. Le livre permet la lecture clandestine, on peut cacher le livre. Les rouleaux et codex ont cohabité pendant des siècles. Elle précise ensuite l’étymologie du mot « rôle » quand on parle de celui d’un acteur : ça a à voir avec le rouleau qui était l’aide-mémoire de l’acteur.Au Moyen Age, les monastères achetaient les animaux vivants pour en faire ensuite du papyrus. 150 pages nécessiteraient 10 à 12 animaux ! Donc posséder un livre était vraiment un privilège.Le papier révolutionna l’histoire du livre car il était bon marché et facile à produire. N’oublions pas non plus que le papier ancien c’est du caleçon recyclé ! Les Chinois ont gardé pendant huit siècles le secret de fabrication du papier. 6000 manuscrits au VIII ème siècle grâce aux copistes et 2 millions de livres au XVI eme sur le même espace européen. Le livre est un instrument multiculturel.
Pour en découvrir quelques pages, c’est ici.