Le carnet de recherche À l’école de Clio. Histoire et didactique de l’histoire présente un compte rendu de la table ronde « La Résistance et le politique » organisée en septembre 2015 par le Musée de la Résistance et de la Déportation dans le cadre du Congrès du Comité français des Sciences historiques.
L’histoire des idées et des courants politiques de la Résistance, comme celle des programmes et des projets élaborés dans la clandestinité, est une histoire connue et défrichée de longue date. On peut mentionner, à titre d’exemples, la thèse d’Henri Michel (Les courants de pensée de la Résistance, 1962) ou les travaux de Diane de Bellescize (Le Comité général d’Études dans la clandestinité, 1979) et de Claire Andrieu (Le Programme commun de la Résistance, 1984).
Depuis les années 1980, les recherches ont voulu insérer la Résistance dans une approche socio-culturelle. La publication en 2006 du Dictionnaire historique de la Résistance, ouvrage collectif dirigé par François Marcot, en reflète ainsi l’un des aboutissements. Les études les plus récentes s’inscrivent dans ce prolongement, et tentent d’appréhender le phénomène sous l’angle d’une histoire sociale et culturelle du politique.
De fait, les problèmes spécifiques posés à l’histoire de la Résistance par l’approche strictement politique et organisationnelle du phénomène obligent à réinterroger la notion de politique, de même que les outils convoqués ou inventés pour appréhender le phénomène de la Résistance. On entend ici par politique autant l’idée d’une intervention dans l’espace public que la construction d’une alternative d’avenir à un contexte d’oppression. La Résistance peut en effet être pensée comme une forme de réappropriation, par diverses catégories de la société, du champ du politique. L’occupation nazie et le régime de Vichy obligent à réinventer, dans la clandestinité, les pratiques sociales de l’intervention dans la cité, comme c’est le cas par exemple pour les engagements féminins. Par ailleurs, depuis les événements de janvier 2015, les actions dans la Résistance sont régulièrement convoquées comme éléments de réponse aux interrogations sur l’enracinement du modèle républicain, en particulier dans l’enseignement. Une réflexion sur les usages actuels des engagements résistants s’avère ici indispensable, et plus particulièrement sur leurs enjeux didactiques. C’est dans cette perspective qu’ont été réunis les historiens Pierre Laborie, Catherine Lacour-Astol, Charles Heimberg et Cécile Vast pour explorer les liens entre « Résistance et politique ».
Le thème de cette table ronde donne ainsi l’occasion de renouer avec une longue tradition de recherche sur la période de l’Occupation initiée et développée dans les années 1990 et 2000 par François Marcot à l’Université de Franche-Comté. Le Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon, toujours étroitement associé à ces travaux scientifiques, est présent aujourd’hui à nos côtés, représenté par sa conservatrice Marie-Claire Ruet et par la directrice de l’établissement public de la citadelle de Besançon, Laurence Moragas.
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